Dans cette scène légère, deux jeunes femmes en tenues matinales et négligées feignent de résister, amusées, à l’audace d’un galant. Boilly, virtuose dans la représentation de scènes d’intérieur intimes, ne verse jamais pour autant dans le trivial. L’artiste figure avec talent des expressions multiples : les jeux de regards, les sourires et enfin la posture des corps animent la toile. L’observateur devient le voyeur d’une scène cocasse, saisie sur le vif, tel un instantané. Le format de l’œuvre incite à penser qu’elle possédait un pendant. Boilly en produisit beaucoup au tournant du XIXe siècle, à l’instar de La Visite reçue (Hôtel Sandelin, Saint-Omer) qui dévoile également une scène libertine d’un homme et une femme séparés par une porte entrouverte. La technique précieuse du peintre et la représentation de scènes d’intérieur puisent leur inspiration chez les peintres hollandais du XVIIe siècle. L’artiste se tourne vers William Hogarth, peintre anglais, son aîné, pour le caractère humoristique du sujet. La disposition du rideau au-dessus du lit et de la porte évoque Le Verrou de Fragonard. Scène allusive d’un amour saphique, si la violence est absente chez L’Indiscret, les relations entre les trois personnages sont ambigües : jeu, piège ou simple grivoiserie ? Boilly laisse au spectateur tout le loisir de l’interprétation.
Pour aller plus loin
Parcourir l'œuvre en très haute définition
Télécharger l'image en HD