Cycle de conférences
"Sortir de l’ombre au siècle des Lumières : art, savoir et sociabilité au féminin"
Le Musée Cognacq-Jay et le Groupement d’Intérêt Scientifique sur les sociabilités dans le long XVIIIe siècle (1650-1850) organisent un cycle de rencontres thématiques en lien avec l'exposition "Agnès Thurnauer, Correspondances".
1) Mercredi 15 octobre 2025 à 18h
L’art de faire réseau, le salon comme espace de savoir et de reconnaissance pour les académiciennes, par Perrine Vigroux (Université Paul-Valéry Montpellier 3)
Pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, les femmes qui sont admises à l’Académie royale de peinture et de sculpture, sont pour la plupart femme, fille ou sœur d’artistes. Un changement s’opère au début du XVIIIe siècle, avec l’admission, en 1720, de la peintre italienne Rosalba Carriera désormais les artistes qui souhaitent être agréées dans la célèbre institution partent en quête d’une notoriété élargie, qui n’est plus exclusivement basée sur la promotion familiale. Pour cela, elles participent de manière très active à la vie des salons. Ces femmes trouvent dans ces espaces de sociabilité la reconnaissance de leur talent artistique, la possibilité de fidéliser une clientèle et de bénéficier d’une éducation savante grâce à la présence des érudits qui se pressent pour partager leur savoir. De plus, une véritable solidarité féminine se crée dans ces salons et encourage les académiciennes à investir la curiosité scientifique. Leur volonté d’enrichir la connaissance du monde en font de véritables savantes, elles ouvrent la voie à de nouvelles pionnières. Cette sociabilité va ainsi revêtir trois enjeux dans le parcours professionnel des académiciennes : vendre, apprendre et participer à la promotion de la connaissance scientifique et humaniste.
Les académiciennes prennent ainsi part à l’émulation européenne du XVIIIe siècle, qui accompagne le rayonnement des arts et des sciences au-delà des frontières françaises.
Perrine Vigroux est chercheuse associée au laboratoire CRISES et docteur en histoire de l’art moderne, ses recherches portent sur la pratique artistique des femmes en France au XVIIe siècle. Ainsi, elle s’intéresse aux rapports entre art, sciences et littérature notamment à travers les notices biographiques et les critiques des Salons. Son récent ouvrage Par la force de leur génie Quinze parcours de femmes au sein de l’Académie royale de peinture et de sculpture 1663-1793, a été publié en 2025 aux PUR.
En présentiel : entrée libre sur inscription via le formulaire suivant : INSCRIPTION OBLIGATOIRE
A distance : via le lien Zoom suivant : https://us02web.zoom.us/j/85613034386?pwd=uaZRKbh81BiLKTx2LbSQjtyhJNHSPw.1
2) Jeudi 11 décembre 2025 à 18h
Les femmes artistes au Siècle des Lumières et l’art du portrait, par Catherine Voiriot (Musée du Louvre)
C’est en travaillant sur l’art du portrait que nous avons rencontré les artistes femmes. Car au XVIIIe siècle, les femmes furent soit peintres de natures mortes, soit peintres de portraits. Peu d’historiens de l’art travaillent actuellement sur l’art du portrait peut-être parce que c’est un art un peu déconsidéré, traditionnellement classé tout en bas de la hiérarchie des genres. Pourtant c’est un des arts les plus difficiles, car il nécessite une bonne technique et beaucoup de psychologie. On oublie en général qu’un portrait n’est pas une photographie mais une œuvre d’art, le regard d’un artiste sur un modèle, une composition et non un instantané. Cette déconsidération de l’art du portrait n’aide pas à la connaissance du travail des artistes femmes. Aussi, pour nous, l’étude du portrait et des portraitistes femmes se conçoit comme une manière de faire connaitre et de valoriser la création féminine au siècle des Lumières.
Catherine VOIRIOT est ingénieur d’études au département des Objets d’art du Musée du Louvre. Diplômée de l’Université Lumière-Lyon II en Histoire et en Histoire de l’art, ses domaines d’expertise sont les arts décoratifs (boiseries-mobilier, dorure) et l’art du portrait au XVIIIe siècle.
En présentiel - Gratuit. Cliquez sur ce formulaire en ligne : INSCRIPTION OBLIGATOIRE
A distance - Lien Zoom : https://us02web.zoom.us/j/81062608218?pwd=Oe4svBlklWaNacad8S6avhEANS8GTS.1
3) Jeudi 22 janvier 2026 à 18h
Des étoiles éclipsées ? Femmes de sciences et femmes artistes à la conquête des Lumières, par Mélanie Traversier (Université de Lille / IUF)
Longtemps effacées du grand récit héroïque et masculin des Lumières, des femmes de sciences et des femmes artistes ont pourtant contribué activement au XVIIIe siècle à la dense production intellectuelle et à l’effervescence créative de leur temps. Calculatrices en astronomie, physiciennes, musiciennes, comédiennes ou encore autrices, elles ont dépassé les fortes barrières institutionnelles et sociales qui freinaient leur formation et entravaient leur reconnaissance. Insérées dans des réseaux mixtes ou non, et s’appuyant sur des formes de solidarités variées, elles ont lutté, par leurs savoir-faire, leurs talents et leurs réalisations, pour s’imposer dans des milieux savants et artistiques, peu enclins à leur faire une juste place. Les œuvres actuellement présentées dans le cadre de l’exposition « Agnès Thurnauer. Correspondances » remettent à l’honneur leurs parcours et leur capacité d’agir, comme elles invitent à questionner les obstacles à leur postérité dans l’histoire des arts et des sciences.
Mélanie Traversier est professeure d’histoire moderne à l’université de Lille. Ses recherches portent sur l’histoire sociale des spectacles dans l’Europe des Lumières et ses espaces coloniaux, et sur les rapports entre sciences, musique et techniques à l’époque moderne. Elle a notamment publié L’harmonica de verre et Miss Davies. Essai sur la mécanique du succès au siècle des Lumières (Seuil, 2021) et codirigé La musique a-t-elle un genre ? (Éditions de la Sorbonne, 2019). Elle prépare actuellement un ouvrage sur la place des instruments de musique non-européens, en particulier océaniens, dans les pratiques et imaginaires européens à la fin du XVIIIe siècle. Elle est également comédienne.
En présentiel - Gratuit. Cliquez sur ce formulaire en ligne : https://my.weezevent.com/conference-gis-sociabilites-melanie-traversier
A distance - Lien Zoom : https://us02web.zoom.us/j/88172456872?pwd=k9cRVe3fXERY3pKsy8rq1VUBDc6L1j.1
Informations pratiques :
Conférences de 18h à 19h15, dans le comble du musée Cognacq-Jay, 8, rue Elzévir 75003 Paris
Entrée libre sur réservation (liens à venir). Un lien Zoom sera accessible sur le site du GIS et du musée quelques jours avant chaque conférence pour assister à la conférence à distance.
Contact : gis.sociabilites@gmail.com
Organisation : Vanessa Alayrac-Fielding (Université de Lille) / Valérie Capdeville (Université Rennes 2)
GIS - Groupement d’Intérêt Scientifique Sociabilités