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L’indiscret libertin Louis-Leopold Boilly L'indiscret

La jeune femme au centre arbore un sourire mutin, qui découvre ses dents et relève malicieusement une de ses pommettes. Ses yeux pétillants lui confèrent un air espiègle.

Un jeune homme tente de forcer la porte d’une chambre : la jeune fille, allongée dans un lit est à demi dénudée : l’autre debout, est vêtue de manière négligée. Toutes deux dévoilent leur poitrine et regardent le spectateur d’un air entendu.

Si le geste qui repousse la porte et la chaise placée devant l’entrée interrogent le consentement des jeunes filles, leurs expressions apportent pourtant à la scène une atmosphère enjouée. La composition en trio correspond à un archétype théâtral du registre de la comédie.

Les regards des jeunes femmes sollicitent la complicité du spectateur. Elles semblent l’inviter au sein de cette chambre, à devenir voyeur de cette scène, qui s’inscrit dans le goût du libertinage en vogue à l’époque, dans la lignée de Laclos ou de Sade.

Boilly s’attache à rendre avec soin les détails d’une intimité réelle. Le fouillis sur la chaise se compose d’élégants objets féminins : jupe, ruban et gants roses auxquels répond la chaussure renversée, signe d’une agitation.

Cette nature morte atteste de la virtuosité de Boilly à rendre les effets de matières, comme le brillant du satin. La sensualité de la composition se traduit par le traitement des éléments de décor, à travers les jeux d’ombre et lumière, les coloris vifs et les matières soyeuses.

Son sens de l’humour évoque l’esprit britannique du XVIIIe siècle et la virtuosité de sa manière témoigne de son admiration pour la peinture hollandaise du XVIIe siècle. L’artiste exploite cette thématique libertine à l’intention d’amateurs dans le goût de la fin du XVIIIe siècle.