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P

RÉFACE

« J’ai toujours été amoureux du passé, de ce qui ne peut plus être, de cette société

française du

XVIII

e

siècle qui, avant de s’éteindre, tel le bouquet d’un éblouissant

feu d’artifice, pétille, étincelle d’esprit, de finesse et de goût, où flamboie un art

qui, dans tous ses domaines, unit la grâce et la beauté au génie, une société enfin

dont les mœurs se parent de courtoisie et de galante politesse. »

Ce jugement de Maurice Feuillet de Borsat, collectionneur avisé qui a légué l’ensemble

de ses dessins au musée Borély de Marseille, définit très exactement l’intérêt de son

contemporain Ernest Cognacq pour le

XVIII

e

siècle et justifie aussi son désir de créer un

musée qui en soit le reflet. À côté de l’importante collection de peintures, des délicates

porcelaines de Meissen et de Sèvres et des petits trésors d’orfèvrerie, l’ensemble des

œuvres graphiques réunies par le négociant illustre bien les multiples faces du siècle du

rococo et des Lumières.

« J’aime à vous voir en vos cadres ovales,

Portraits jaunis des belles du vieux temps,

Tenant en main des roses un peu pâles,

Comme il convient à des fleurs de cent ans. »

Dans

Pastel

, Théophile Gautier, en

1835

, évoque le charme parfois désuet de ces portraits

au pastel qui sont un des fleurons du musée Cognacq-Jay. Le visiteur peut découvrir

Maurice-Quentin de La Tour et admirer un de ses chefs-d’œuvre, le

Portrait de la

présidente de Rieux,

mais aussi Jean-Baptiste Perronneau, Daniel Gardner ou Hugh

Douglas Hamilton. Les œuvres anglaises de cette époque, rares en France, n’en sont que

plus précieuses.

«Tout dépend du dessein dont la douce manie

Du peintre intelligent le rare esprit manie. »

Dès le

XVII

e

siècle, Hilaire Pader vante ainsi le croquis, l’esquisse et le lavis. Les sanguines

et les feuilles aux trois crayons d’Antoine Watteau ou de Jacques-André Portail enchan-

tent en faisant rêver de fêtes galantes et de comédiens italiens, tandis que Jean-Honoré

Fragonard, comme Pierre-Antoine Baudouin, Jean-Baptiste Huet ou Jean-Baptiste

Mallet content les amours bucoliques et les bonheurs familiaux de paisibles paysans.

Pastels et dessins