Une ânesse qui parle tient du miracle ! Rembrandt L'ânesse du prophète Balaam

Alors que la monture du prophète Balaam s’écarte du chemin pour éviter un ange de Dieu, il lui porte plusieurs coups de bâton. Dieu lui-même intervient en faisant parler l’animal. Le prophète, reconnaissant un miracle, s’accorde enfin aux signes divins et bénit par trois fois Israël.

Tiré de l’Ancien Testament, l’épisode rapporte comment Balaam, en route pour maudire les Hébreux, est détrompé par un message divin. Monté sur son ânesse, il est arrêté dans sa course par l’apparition d’un ange brandissant une épée.

Cette huile sur bois, signée et datée de 1626, compte parmi les premières compositions du jeune Rembrandt, âgé d’à peine vingt ans. Le maître néerlandais connait ce sujet rare mais traditionnel de l’art hollandais du XVIᵉ siècle, grâce aux compositions de son maître, Pieter Lastman.

Les trois personnages principaux, presque superposés les uns aux autres dans une spirale ascendante, concentrent la tension dramatique de la scène.

Dans le travail des tissus pour le vêtement du prophète, celui de la sacoche pleine de feuillets, on distingue déjà un traitement singulier de la matière. Rembrandt associe le rendu des détails à l’épaisseur de la peinture, une pâte liquide aux effets de granulation.

À l’arrière-plan, les deux serviteurs plongés dans la pénombre créent un puissant contraste lumineux, qui annonce la manière à venir de l’artiste. Les protagonistes, le clair-obscur, les drapés animés participent à l’effet dramatique de cette scène de confrontation et de révélation mêlées.

Les têtes enturbannées aux traits singuliers et aux expressions frappantes qui entourent le groupe central évoquent les « tronies » du maître. Cette œuvre de Rembrandt, parmi les premières connues, est probablement la plus ancienne conservée en France.