Chargement...

« Le lait tombe : adieu, veau, vache, cochon, couvée ! » Jean-Honoré Fragonard Perrette et le pot au lait

Perrette, « légère et court vêtue », laisse choir le pot au lait, d’où s’évapore en nuées le précieux liquide. La jeune fille pleure les mains croisées sur la panse du pot de terre.

Le jupon s’envole et laisse apparaître deux jambes dénudées. Perrette, sens dessus dessous, pleure sa vertu perdue ou ses rêves de fortune. Les représentations du faux-pas, de la chute abondent au XVIIIe siècle et sont prisées pour leurs associations érotiques sous-jacentes.

Deux compères voyeurs s’amusent du spectacle. Figures de fantaisie, incantatoires et moqueuses, ils semblent se rire de Perrette tout en s’élançant à son secours.

Le lait ainsi répandu, ce sont tous les gains liés à sa vente qui se volatilisent, représentés sous forme de nuées tourbillonnantes s’échappant de la cruche.

L’artiste retranscrit librement la scène d’une touche rapide et colorée. La hardiesse de son style lui assura un grand succès auprès des amateurs. Son geste enlevé fait vibrer les empâtements d’un blanc éclatant et saisit la fugacité de l’évènement.

Les Fables de La Fontaine (1621-1695) étaient très appréciées au XVIIIᵉ siècle et furent illustrées par de nombreux artistes. À l’instar de son maître, François Boucher, Fragonard choisit de s’inspirer de l’une des plus connues d’entre elles : Perrette et le pot au lait.